Festival des templiers 2018 – Endurance Trail

Compte rendu de l’Endurance Trail 2018 par Vincent de Eyes and Trails TV

J'ai participé au Festival des Templiers en 2017 avec Vincent. Nous nous sommes alignés sur le Marathon des Causes. Un formidable souvenir de sport, de convivialité et de paysages magnifiques. Cette année Vincent s'est inscrit sur l'endurance, 100 KM, rien que ça ! Comme à son habitude il a écrit un superbe compte rendu de sa course. L'immersion est totale, laissez vous transporter dans cette ambiance particulière des gros trails...

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–CR – Endurance Trail. Ma leçon DNF de l’année–

— INTRO —

Euphoriques avant de partir malgré la courte nuit

**musique** 2h15 le réveil sonne.
Hier après 7h de route j’arrive pour retirer les dossards avec David et Robin au village des templiers… Bon, je commence à bien connaître le coin mais c’est l’occasion de se perdre au moins 4 fois dans le village des templiers et voir quelques stands, notamment Scott sports qui sont cools, retirer les cadeaux… Avec un « litige dossard » pour David. C’est gratuit 😜 !

Ah ce cher David. Qui nous as trouvé des chalets à 500m du départ réservés normalement aux élites et à l’organisation… Balèze le gars. La légende raconte que l’on a dormi dans le chalet utilisé par Kilian Jornet. Toutes les chances sont de notre côté pour demain !

Je partage ma chambre avec un être particulier alias Robin Jayé. Mini Anthon Krupika 😁.

Après avoir prit environ 2h pour préparer nos affaires, manger, croiser David etc… Hop au lit.
Je ne comptais pas sur cette « nuit » pour stocker des Watts. Mais ça sera tout simplement nuit blanche! Pas cool.
**Dring dring** 2h15 donc.
Après quelques vannes moisies, 20 minutes aux WC et un thé préparé par Rob. Décollage pour la ligne !

Notre team du jour est composé de :
Robin : sur l’endurance trail, première tentative sur un 100k.
David : 3e trail, intégrale des causses 62 km/3000m.
Sarah : vainqueur et 3e de l’endurance Trail.
Beatrice : Premier endurance trail mais connais les templiers.
Ma pomme, première tentative d’un trail 100k mais connaît les templiers.

On prends 30mins d’avance, pour pouvoir s’échauffer. Pourquoi s’échauffer au moins 1km alors que l’on compte en faire 100? Parce que les 2 premiers kilomètres sont sur route et en légère descente. Ça part vite puis ça bloque dans les premières montées et descentes, il vaut mieux avoir les muscles et articulations prêtes.

La foule avant le départ

Après cet échauffement et une poignée de main avec le speaker, je vais ensuite dans le sas au milieu du peloton 15min en avance, le temps de faire le point.
Bon, nouveau sac, des bâtons dit « de-secours-au-cas-où », des pompes pas encore utilisées sur une course mais bien rodées.
Je suis plutôt à l’aise dans l’ensemble.

Il fait plutôt froid mais le peloton garde une certaine chaleur. L’ambiance est très particulière. Ça déconne un peu, mais on sent que la journée va être longue et dure. Et que passer sous cette arche dans moins de 20 heures sera compliqué pour beaucoup. Mais pourtant nous sommes tous bien là.

Je fais un bilan rapide. J’ai dû arrêter 5mois la course. Mais après 5mois de reprise je me retrouve sur cette ligne après des grosses courses il n’y a pas longtemps (UTMC et TCO). Passer cette ligne serait comme le bouquet final de l’année. Mais il ne faut pas y penser, il s’agit de 100km, absolument tout peut arriver. On ne pense à la ligne que lorsqu’on la voit !

Les visages sont calmes et concentrés, le speaker détend l’atmosphère.

Pour préparer cette course, j’ai eu de nombreux conseils de Sarah et Anthony qui sont mes références dans le domaine. D’un point de vue sorties d’entraînement, j’ai réalisé ce qui devait être fait pour cette échéance avec le temps qui me restait.

— COURSE —

La musique d’Era, Ameno est lancée. Je n’ai pas réussi à bien me concentrer pendant ces 15minutes et je suis dispersé comme s’il manquait quelque chose. je n’arrive donc pas à partir totalement serein.

Pour ma part, pour aborder une course de ce genre « tranquillement », il faut justement la tranquillité d’esprit, donc pas de doutes sur soi et une volonté réelle de profiter des lieux et du moment. Et une tranquillité physique, ne pas avoir de bobos ou de doutes sur sa capacité à tenir.

Le peloton part. Un public est présent malgré l’heure avec des cloches etc. Toujours top pour partir. Je fais les 2 premiers km à environ 10 de moyenne pour conserver une place correcte. Certains doublent vraiment très vite. Je fais le vide dans la tête.
Vient ensuite la première Ascension que j’ai déjà réalisé 2 fois. Pas de surprises donc, je garde un rythme correct pour ne pas être bloqué dans les singles d’après. La montée est très pentue par endroits, c’est la typologie du coin. Tout le monde se tait, comme si les 3 premières heures dans la nuit sont un réveil/échauffement. Je croise Béatrice qui as un meilleur rythme. Elle part devant.

Ascension entre les roches

Arrivé en haut de la première Ascension je regarde le chrono, 56 minutes 6,2km 500m de D+, c’est un bon début.

On continue sur des chemins plutôt larges. Je garde un bon rythme mais je me fais encore doubler. La première descente est un gros bouchon.
Je perdrai environ 10minutes ici.
Dans la mêlée une personne dit: « on le laisse passer, il as des Scott Ultra », il s’agit d’un commercial de Scott qui réalise la course avec une collègue. Je tente de négocier un prix mais nous n’avons rien pour signer un éventuel deal… 😜
Le bouchon ne ce créé pas par hasard, la rosée du matin sur les pierres et ronces rend cette descente pentue très glissante. Je verrai quelques chutes devant.

Vient ensuite le ravitaillement au km14 dans le petit village de Paulhe. Des villageois et les assistances sont présent(e)s. Je recroise Béatrice, elle repart avant moi. Je ne la reverrai plus.
Une première barrière horaire est placée ici à 6h40 soit 2h35 de course. Je passe ici en 1h55.

Il est important de noter que le prochain ravito solide se situe 21 kilomètres et 1000m de D+ plus loin. un point d’eau est néanmoins présent à la Cresse. Il faut donc bien vérifier sont stock de solide.

La montée suivante est encore bien pentue. Cela monte tellement qu’il est dur d’avoir son équilibre. Mais ça passe sans soucis avec un rythme raisonnable.
Je reconnais ensuite la suite du parcours car c’est une portion commune avec le marathon des causses. La vue de nuit est vraiment superbe. Et la température est agréable. J’évolue sans trop de soucis.
La 2e descente génère un autre bouchon. C’est donc 5-10 minutes de perdus.

Je passe au point d’eau de la Cresse après 22km et 1050m de D+ en 3h23 de course.
Le jour commence à se lever et j’ai l’impression de me réveiller seulement maintenant. Il est temps de ranger la frontale.
Je repars en connaissant la prochaine montée. Qui est plus facile.
Je refais le plein d’eau car il va falloir être autonome un moment.

Pour arriver au Rozier on repasse presque par le milieu du Causse noir. Ce sont donc des chemins roulants avec pas mal de relances. Le soleil laisse entrevoir la brume autour du Causse et de ses grands espaces. Cela augmente la sensation de « traversée » du Causse. Les coureurs autour de moi commencent à être bien réveillés et le rythme est plutôt bon. Je cours même dans les petites montées mais le cardio reste en mode endurance.

Sous un beau soleil j’aperçois le village du Rozier, symbole du ravito solide ! L’accueil dans le village est sympa. je passe le bip et commence à prendre le ravito, du salé, des petit beurre etc. Puis soudain, j’entends un bénévole crier : « fermeture dans 20minutes! »
Comment ?! Cette annonce me met un coup de fouet.

 

Depuis le départ, nous avons parcourus 35km et 1600m de D+. Je suis arrivé au ravito en 5h41 ce qui est un temps plutôt correct, j’ai couru sur le parcours sur toutes les parties en plat et descentes. Correct en temps normal pour la majorité des coureurs… Mais pas sur les Templiers ! Je me dépêche donc d’un coup.
Je remplis ma poche à eau et prends beaucoup de solide dans mon sac, car une fois de plus le prochain ravitaillement du True est loin. 18km et 1100m de D+. Cette fois, pas de point d’eau entre les 2.

Voyant la bagarre se profiler avec la barrière horaire, je met donc ma musique et je sors les bâtons. Mon esprit est uniquement concentré sur le prochain point, j’oublie l’environnement autour de moi et me concentré uniquement sur ma foulée et son efficacité d’une manière robotique.
Je met donc la gomme sans m’en rendre compte sur les 5 prochains kilomètres, je double quelques coureurs. Erreur majeure. J’oublie de m’hydrater dans la bataille.

Vient ensuite la prochaine montée. Des groupes se forment pour l’ascension. Je suis un paquet qui tourne à un bon rythme. Mais je rejoindrai 2 personnes sur le côté au 2/3 de l’ascension. Je connais la suite. Avant d’atteindre Truel, nous devont passer par les balcons du vertige, composé de nombreuses relances et de singles. Des calculs rapides me disent qu’il est possible de passer à Truel avec une marge correcte.

Je reprends l’ascension, mais je m’arrête de nouveau en haut. Un bon coup de mou 42e kilomètre et 2200m de D+. Je n’arrive pas à mobiliser mon mental et à trouver les ressources pour maintenir la cadence qui est nécessaire. Dans la mêlée à la sortie du dernier ravitaillement, je me suis empressé au détriment de cette partie plus difficile que je connaissait pourtant.
C’est une règle essentielle dans ce genre d’épreuve. Il n’y a pas de place à la panique ou à la hâte, j’en suis pourtant bien conscient. Mais la menace de la barrière horaire à 1/3 du parcours est une pression incroyable lorsque l’on parle d’un effort qui dure de nombreuses heures.

J’alterne entre course et marche. J’essaie de suivre les groupes de coureurs qui se forment pour gagner du temps. Mais je m’arrête dès qu’une belle vue est là. Et elles sont nombreuses sur cette portion.

Ironiquement, c’est aux point d’orgue des Balcons du vertige, là où prend fin ma vidéo « road to Endurance trail » , ou je me pose la question très simple « vais je passer cette ligne d’arrivée ? » et où la réponse est alors évidente. Je vois au loin mes ascensions restantes et sait que ça ne passera pas même avec la plus grande volonté du monde. C’est plié, ça ne passera pas. Je suis avec d’autres coureurs dans la même situation que moi. Quelques mots et nous descendons doucement dans un calme révélateur vers le ravito de Truel.

Arrivé sur la dernière route avant le ravito le public est présent et certains tente le « c’est encore possible », mais non. Le mental est trop entamé. Je ne suis pas équipé aujourd’hui dans la tête d’une volonté à toute épreuve, je n’arrive pas à mettre en place mes astuces mentales habituelles pour passer outre les difficultés et la machine ne se relancera pas. Je bip au point de passage 10minutes avant la barrière et rend les armes. Il ne faut pas confondre les 2 notions suivantes : challenge et obstination maladive. Il faut rester dans un cadre sain pour soi.
9h50 53km 2600m D+

— CONCLUSION —
Sur les 1229 partants, 817 railleront l’arrivée dans les délais. Une cinquantaine supplémentaire profitera d’une déviation de Massebiau vers Millau pour pouvoir passer quand même sous la fameuse arche.

J’ai pu mesurer l’ampleur de la difficulté de cette épreuve. Son nom n’est pas un hasard. Sa mentalité vient des origines même de la discipline aux USA. Courir 100km ne doit pas être un caprice ou une simple mode. Pour boucler le tour c’est un engagement total, mental et physique, les barrières font parti du jeu. Elles révèlent une défaillance sur l’un des 2 points (physique ou mental) pour ceux qui y font face…
Il y a aussi un facteur « chance ». Il faut être aussi dans son jour. Mais ce n’étais pas le souci pour moi aujourd’hui.

L’envie était bien évidemment présente sur le départ. Mais cela ne suffit pas. Le mental, « l’âme » et la volonté de fer nécessaires ont été trop sollicités ces derniers mois. Il se dit que l’on fait 2-3 grosses courses objectifs par an. Et ce n’est pas pour rien. Outre le risque de blessure. C’est le système nerveux, le cerveau et l’envie dans découdre qui diminuent si l’on enchaîne trop.

Ça a été mon cas avec le Patou 46k fin juin. L’UTMC 86k mi août. L’UT4M 40k fin août et le TCO 89k début septembre.
J’ai couru toutes ses courses en donnant ce que je pouvais à chaque fois.

Dans notre équipe, seule Béatrice parviendra à railler l’arrivée en moins de 19h. Nos 2 champions Sarah et Robin ont connus les 2 types de problèmes que je viens d’aborder :
Sarah n’avait pas « l’envie » et la tête n’y étais pas, au moment de son abandon elle était pourtant 2e au classement féminin.
Robin avait un souci physique et a stoppé au 63e km.
David a fait une magnifique perf sur l’intégrale des causses ! 129e en 10heures!

Forcément un peu déçu, car cette ligne d’arrivée fait rêver. Mais pas déprimé. Ce fut une très belle année. L’échec et le hors délai font parti de cette discipline, tout n’est pas calculable et tout peut arriver. Les taux d’abandons et hors délai sont là pour le rappeler.

L’envie et la motivation se construisent en proportion des chances d’échec. Si la ligne d’arrivée était sûre et si c’était du « tout cuit », pourquoi faire un tel effort et pourquoi se préparer autant ? 😏
En bref, le goût du risque.
L’endurance Trail ma vaincu cette année, mais ce n’est que partie remise !

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